expérience ostéopathique à vocation humanitaire, une expérience humaine, un profond bouleversement.
Appréhensions, peurs, inquiétudes associées à une immense joie intérieure inexpliquée… mon bagage de thérapeute peu expérimenté est chargé d’émotions pour cette première mission docOSTEOcam.
Premier jour, premier centre d’accueil, tous les sens sont en éveil…et les sourires sont sur les visages lors de notre arrivée.
Premier contact ostéopathique avec le corps d’une enfant dont le prénom et le visage reste gravé dans ma mémoire.
Les mains se posent à la rencontre des maux sans les mots, laissant venir la perception des tissus, l’émotion est intense et suscite mon questionnement…le doute s’installe…
Rester concentrée, rester à l’écoute, la souffrance émotionnelle est perceptible dans les mains, puis prend toute la place, envahie tout l’espace… la première leçon est donnée : Trouver la juste place de l’empathie dans la relation de soin.
La compréhension, le soutien d’un groupe de thérapeutes expérimentés est présent pour m’aider à maintenir le cap et traverser la tempête…
Jour après jour, les visages des enfants, les sourires accompagnent les soins et les perceptions. Reconnaître la souffrance qui s’exprime dans le corps aussi violente soit-elle, et parfois la fluidité qui s’est installée chez certains montre que les soins prodigués les années précédentes ont portés leurs fruits.
Chaque enfant est porteur d’une nouvelle histoire chargée d’enseignements, l’échange est permanent.
Les mains interrogent le système, se posent sur des crânes parfois dur comme de la pierre, diagnostiquent, entrent en contact avec les schémas lésionnels, et sans relâche cherchent le souffle de vie en agissant sur les centres physiologiques et autonomes.
Être au contact tout en prenant la distance nécessaire, trouver le neutre, rechercher le point immobile… Rechercher la densité inscrite dans les tissus et accepter de ne rien faire d’autre qu’être un point d’appui pour le corps présent sous les mains. Ici l’égo n’a pas sa place, seul le respect et l’humilité s’impose.
Identifier ce qui se présente; Lésion post-traumatique, torsion, compression crânienne, oppression thoracique, blocage du bassin…tout ce que le corps exprime.
Pendant que le mental cherche les techniques et analyse, le touché subtil des mains est déjà en avance sur la compréhension et positionné sur la lésion.
Le corps, réceptacle des traumatismes physiques et émotionnels traduit par sa posture son degré de fermeture. Durant le soin, les jambes des enfants sont souvent croisées et les mains repliées au niveau du ventre. Puis peu à peu, le traitement agit, les mains se délient, les jambes se décroisent, un soupir se fait entendre, le relâchement est là et pour certains… le sommeil profond laissant apparaître toute la beauté de leur visage apaisé.
Les belles rencontres, les sourires, le partage, le soutien font de cette mission une richesse intérieure dont chaque cellule du corps s’imprègne. Le thérapeute n’est pas toujours celui que l’on croit…
Dr Jouhaud vous aviez profondément raison… « On n’en revient pas pareil ».