Le soleil et le vent coupent l’air d’un trait de poussière.
Des boules d’herbe séchée traversent les rues tandis que mobylettes et voitures s’y mélangent dans un désordre bruyant et étonnamment fluide.
Les odeurs de détritus croisent le promeneur dont le regard est capté par les étals des vendeurs de fruits et légumes, et de produits en tout genre.
La violence et la bienveillance se côtoient dans les ruelles défoncées par les pluies tropicales.
Les enfants jouent au ballon, pieds nus sur les trottoirs. On peut y côtoyer la perversité du dollar, comme les amoureux du pays.
Quelque chose se cache au fond des yeux des habitants, une chose terrible, à oublier, et qui pourtant fait partie de leur Histoire. Une génération perdue a laissé place à une génération d’orphelins. Une vie palpite et explose pour construire son avenir.
Au loin, l’immense plaine du pays Khmer déploie les verts et jaunes de ses rizières bordées de palmiers cocotiers et piquetées ici et là de la tache noire d’un buffle.
Le ciel voilé d’une brume tropicale cache sa nudité d’azur sans apaiser l’ardeur du grand luminaire.
Alentour, quelques reliefs escarpés et arrondis imitent une baie d’Halong au milieu des terres.
Et quand vient le mauve du soir, un sentiment d’éternité paisible s’installe dans le cœur des passants.