Deuxième mission avec DocOSTEOcam : retour au Cambodge deux ans après une première épopée qui m’avait fait grandir ; celle d’un voyage ostéopathique uniquement manuel, sans les mots, hors de l’Europe favorisée.
Découvertes de nouveaux compagnons merveilleux dans cette belle troupe itinérante ; de nouveaux lieux de soins, et retrouvailles avec d’anciens.
Une évidence probante apparaît immédiatement dans mes mains et celles des complices du groupe. Certains enfants ont déjà été touchés en Ostéopathie il y a quelques années, et d’autres non ; pas encore…
La différence est là flagrante !
Je relis mon écriture dans le carnet de santé d’un adolescent :
Je suis déjà venu là,
J’ai soigné ce jeune deux ans auparavant.
Ce que je perçois sous mes doigts n’a rien à voir avec mon compte-rendu antérieur. Ce que transmets ce garçon est immense.
Que s’est-il passé ?
Qu’avais-je fait ou pas ?
Qu’est devenu cet Être, et comment s’est-il développé depuis ?
Je le retrouve autre dans le même lieu ; rien n’a changé autour de lui ; sauf lui.
Les nouveaux de la mission découvrent facilement parmi les enfants, ceux qui n’ont jamais été traités, et ceux qui l’ont déjà été.
Que retrouvent donc nos mains ?
Qu’attendent ces enfants quand ils montent sur les tables ?
Qu’avons-nous donc partagé ?
Quelle est cette reconnaissance ?
Nous recherchons en occident des preuves méthodiques de l’Ostéopathie, avec des protocoles souvent complexes et analytiques. Ici se manifestent des réponses évidentes, répétées et surprenantes. Un axe, une respiration, un mouvement et un développement.
Retour encore, avec appréhension dans ce centre d’handicapés de Phnom Penh, visité deux ans auparavant.
Silence dans la salle, calme des corps, croisement des regards, soutien des nourrices, amplitudes des mouvements : je suis très étonné.
C’était tout l’inverse, si violent, si tendu et si bruyant avant !
Les échanges avec les personnels, et les rapports éducatifs, socio, médicaux et administratifs indiquent tous des modifications significatives dans chaque domaine, suite aux soins ostéopathiques.
Ces deuxièmes retours sont magnifiques et diluent mes doutes sur une action humanitaire ponctuelle renouvelée à distance dans le temps.
Ici donc des bébés, des enfants, des adultes nous renvoient une évolution de leur état de Santé. Celle-ci est stable dans le temps, dans leurs corps, dans ce pays aux terribles contrastes.
« Le Restaurant des Enfants » où débarquent chaque matin des garnements des rues de la capitale, afin d’obtenir un bon repas en échange d’éducation et de soins d’hygiène.
Une cour passante, couverte d’un filet protégeant du soleil, et ouverte sur la rue bruyante, le tractopelle juste à côté, les cris des petits, les jeux agités, les tentatives d’approche des plus hardis près des tables de soins.
Sous mes mains : la misère, la violence, et la peur.
Et cette méfiance de survie qui me scrute, afin de ne pas trop se relâcher, ne pas être vulnérable : – ne pas bouger, montrer donc patte blanche et attendre l’accord…
Une toute petite jeune femme, ancienne de la rue et maintenant stagiaire de l’association, nous conduit dans le bidonville où elle vit toujours. Des passerelles de bois au-dessus d’eaux sales et polluées, amènent vers des baraques sur pilotis, faites de tôles et de bois. Lors de la mousson et des inondations, la moitié du logis est sous l’eau : tout le monde migre plus haut dans une pièce unique et sort par la seule ouverture …
Un profond silence s’installe en moi.
Retour en Tuk-Tuk à l’association, transportant avec nous plein d’enfants affamés de tout. Mon regard change, et je vois maintenant de derrière mes yeux.
La force de ces enfants est gigantesque ; et j’ai maintenant en moi une forte et libre confiance en eux. Celle-ci me fera revenir ici au Cambodge afin de partager, donner-recevoir dans les yeux et sous les doigts, et de transmettre d’autres retours.
En cette cour ombragée ouverte sur le chaos urbain, où ces enfants sont dans l’heureuse impatience de vivre, il y aura, plus tard, un nouveau temps pour se retrouver, et reconnaitre comment nous aurons alors tous changer.
Ici en cette immense plaine inondée au riz si vert ; des enfants abandonnés, des jeunes pousses, des princes du royaume sont chacun des signes vivants porteurs des effets de l’Ostéopathie.
Aux Mains percevantes, aux cœurs ouverts, ces révélations sont tout à fait disponibles à chacun.