C’est la deuxième fois depuis mon arrivée à Docosteocam , que je fais une action en « solo » . La plupart du temps , nous partons en groupe (entre 8 et 15) , lors d’une des missions de novembre ou de mars . Partir seul est à chaque fois un sentiment bien différent de ces missions de groupe. On est complètement concentrés sur l’action à mener, seuls à décider de l’organisation, du contenu : une forme d’autonomie qui met en avant la responsabilité et ancre l’engagement dans cette action.
Après ces 3 années de pause dans les interventions au Cambodge, malgré une mission éclair (une semaine) en juin, j’ai été heureux de replonger dans le « pourquoi » je suis engagé dans cette association.
L’objectif était une action d’enseignement intercalée entre les missions classiques . Pourquoi ? La raison en est simple : si nous voulons transmettre le maximum de choses, les 3 interventions pédagogiques annuelles habituelles ne sont pas suffisantes . C’est ce que j’ai toujours défendu au sein de l’équipe pédagogique. Il y a maintenant, là-bas, une équipe d’étudiants motivés et avides de savoir, c’est vers eux que j’ai dirigé mon intervention.
Après une journée de soins et de compagnonnage au cabinet du DR SIN Sotikun, J’avais programmé une journée à Calmette avec ces « certifiés » du mois de juin. Le programme était de faire une pause dans la transmission de connaissances pratiques ou théoriques et de s’intéresser à la réflexion , au raisonnement qui accompagne un soin , un test ou un traitement tissulaire. La journée s’est articulée autour de 3 questions : qu’est ce que je cherche à faire ? Pourquoi ? Comment je le mets en place. Je leur ai demandé de se poser ces questions dans chaque test , chaque technique , et de poser une intention. Le but était de leur faire sentir que chaque geste est précis, justifié et réfléchi. Il y avait un but caché : être capable de décrire tout çà est un très bon moyen de pouvoir le transmettre un jour.
Les 2 jours suivants d’action ont été à Happy Chandara, avec les membre de l’équipe médicale d’une énorme école de jeunes filles, qui ont eu leur premier cour en novembre . Et là, à nouveau le plaisir d’être en solo… Pas de bus, pas de taxi ni de tuk tuk ! 40 minutes de scooter avec Danith, à slalomer dans la circulation de la banlieue de Phnom Penh, derrière un pilote hors pair, habitué à rouler dans le flot de voitures, hyper prudent pour ne pas risquer la chute. Avec cette équipe, le but des 2 jours a été de donner des bases d’anatomie , de morphologie, de physiologie du mouvement a des praticiens pas forcément habitués à ces notions ( 4 psychologues, 2 managers, un dentiste, des infirmières, des sage-femmes, et un médecin). Le retour, le soir, en bus avec le personnel qui m’a déposé au rond-point du monument de l’indépendance. Çà peut pas paraitre un détail mais imaginez qu’on vous laisse d’un côté de la place de la Concorde à Paris et que vous deviez la traverser en pleine heure d’affluence…
Je dois avouer que cette mission était ponctuée de jours de liberté, ce qui m’a permis de faire pleins de photos pour le (voire « les » !) futurs calendriers. C’est donc à Siem Reap que j’ai prolongé mon intervention, d’une manière moins officielle, puisque ce n’était plus une action estampillée Docosteocam/HVO , mais un partage de temps avec 2 futurs éléments majeurs de l’équipe pédagogique qui est en train de se monter là-bas, à savoir le Dr SIN Sotikun et TAN Sethy, le kiné du cirque PHARE. 4 demi-journées, hors programme, à leur transmettre mes recettes, ma vision sur le traitement de la colonne vertébrale. Quelques soins ont été prodigués à des artistes, et je n’ai fait que répondre aux questions et superviser les 2 praticiens.
Si je prends énormément de plaisir à partager ces missions de groupe avec des collègues dont beaucoup sont maintenant devenus des Amis, j’en prend tout autant, mais différemment, dans ces actions personnelles, intimes, en « solo ».
Oui, je sais que je le referai…